De 1944 à 1946, c'est le Comité de Libération du cinéma français, fondé par des résistants, qui gère la production du cinéma en France.
Il met en place un programme de films, mais aussi d'épuration du cinéma français (allant jusqu'à l'interdiction de travailler plusieurs années).
En deux ans, une vingtaine de films est consacrée à la guerre, la plupart évoquant la Résistance,
souvent avec un souci de réalisme historique teinté d'idéalisme, dont La Bataille du rail (qui fut tournée avec des cheminots
et non des acteurs professionnels).
"Film à la gloire de ceux qui ont lutté et de ceux qui sont morts, pour que la France vive", le ton est donné dès la bande annonce,
nous sommes au tout début 1946, la guerre déclarée plus de 6 ans plus tôt n'est terminée que depuis 9 mois.
Résistance-Fer et la SNCF participent au film (à la base un court-métrage), l'un et l'autre bien sûr souhaitant dorer son blason.
Les critiques presse de l'époque sont excellentes, non seulement de par le sujet mais aussi pour la réalisation (le film sera d'ailleurs primé à Cannes),
même s'il est remarqué à l'époque que la résistance présentée comme généralisée est une idéalisation (mais que cela fait du bien).
On apprécie aussi beaucoup le côté réaliste du tournage, qui rend proche de ce qu'il se passe,
ce que souligne la bande-annonce "les visages que vous avez vu dans les gares occupées".
C'était le présent, difficile de voir ce film maintenant tel que le reçevait un spectateur français de l'époque, au sortir de l'occupation.
Son succès est immédiat : dès 24 mois d'exploitation, il cumule déjà 4 999 566 entrées, troisième plus gros succès des sorties de 1946
sur cette durée d'exploitation (il est désormais cinquième des sorties de 1946).
Fin 1956, "La bataille du rail" a déjà été vu par l'essentiel de son public final : 5 278 491 spectateurs. Il est alors le 18ième plus gros succès
depuis fin 44, troisième des sorties de 1946 (en excluant "Mission spéciale" qui est en deux films, mais qui a été aussi un très gros succès),
notamment derrière un autre film parlant de résistance : "Le père tranquille", également réalisé par René Clément.
Il n'a eu aucune entrée en 1957 et 1958 et que 5 725 entrées en 1959.
Et je n'ai pas d'information sur la période où ont été réalisés les 0,4M d'entrées manquantes, mais "La bataille du rail" n'a pas eu une reprise visible,
elles ont donc sans doute été réalisées petit à petit au cours des 10 années suivantes, car le film a été projeté le 19 mars 1969 sur "Antenne 2" dans
le cadre des "Dossiers de l'écran", ce qui a sans doute mis un terme à son exploitation à grande échelle en salle.
Et fin 2000 son score final était déjà atteint à quelques centaines d'entrées près.
Sa carrière sur le long terme : entrées après 24 mois et onze années calendaires
AC NS. SC 6,7 (588). IMDB 7,0 (922). K NS. FA NS. D NS.